Accueil Culture «Un fils» de Mehdi Barsaoui, actuellement en salle : Un scénario bien maîtrisé

«Un fils» de Mehdi Barsaoui, actuellement en salle : Un scénario bien maîtrisé


Actuellement sur nos écrans, le film de Mehdi Barsaoui «Un fils» a valu à la Tunisie un prix à la 76e Mostra de Venise. Notre avis.


Qu’est-ce qui fait le socle d’un père ? Le lien du sang ? Ou le fait de l’avoir élevé ? Peut-on envisager de se comporter en étranger et retirer son affection à un petit garçon qui n’est pas responsable de ce qui arrive ? Voici, de prime abord, la question que pose ce film. Une question relative à l’image du père ou à la place du père qui semble avoir marqué la vie du réalisateur Mehdi Barsaoui et qu’il tente de sublimer, à notre humble avis, par ce film. En voici le synopsis d’abord : «Farès et Meriem forment avec Aziz, leur fils, une famille tunisienne moderne issue d’un milieu aisé. Lors d’une virée dans le sud de la Tunisie, leur voiture est prise pour cible par un groupe terroriste et le jeune garçon est grièvement blessé».

Pour sauver le garçon, il fallait une transplantation hépatique et c’est là que les choses se compliquent et que la construction dramatique du film bombe le torse, arrache l’adhésion du spectateur et l’invite à entrer dans l’univers du film et dans son espace. Un espace constitué de ce camaïeu d’ocres qui caractérise le sud tunisien. A côté de cette question sur la paternité, il y a celle de l’adultère, mais aussi une thématique qui n’est pas souvent traitée dans le cinéma arabe vu les complications qu’elle présente aussi bien sur le plan juridique que religieux. Trop de thèmes à la fois ? N’eussent été la maîtrise et l’intelligence de l’écriture du scénario, ces thématiques auraient vraiment embarrassé le spectateur. Côté image non plus, nous n’avons pas eu à nous plaindre avec des températures chromatiques qui soulignent la dramaturgie sans trop la brusquer. Quelques tons chromatiques dans la couleur verte à l’hôpital ne sont pas sans nous rappeler les séquences à l’hôpital dans «La belle et la meute» de Kaouthar Ben Hénia mais quand on sait que le réalisateur était premier assistant sur ce film cité, cela s’explique.

Le dispositif de tournage est aussi un point fort de ce film, puisque le fait de tourner en caméra portée nous a fait sentir qu’on était tout le temps sur le dos des personnages et qu’on perçoit presque leur respiration. Là aussi, le réalisateur a évité de tomber dans le piège parce que avec ce genre de dispositif, il fallait avoir des acteurs de grand talent qui n’étouffent pas le spectateur à force d’être «dans la caméra». Sami Bouagila était l’acteur qui a porté le plus ce film, bien sûr, il y avait Najla Ben Abdallah qui, avec ce rôle, est sortie des sentiers battus et a donné le meilleur de son cru. Un rôle qui a valu à Sami Bouagila le Prix Orizzonti du meilleur acteur à la 76e Mostra de Venise. A propos de ce rôle, Sami Bouagila a déclaré à notre journal : «Dans ce rôle, il y avait effectivement un piège !

Il fallait, bien sûr, s’imprégner du scénario et du personnage, ce qui est assez simple pour Najla Ben Abdallah et moi. En fait, c’est l’histoire d’un couple qui va vivre un drame qui va bouleverser sa vie. Mais en anticipant ce qui allait se passer, on risquait un peu de déflorer les émotions alors que le film sera réussi quand le réalisateur arrivera à filmer avec plus de sincérité comment ce couple va vivre ce drame. Donc, il ne fallait pas se projeter, il ne fallait pas déflorer ces choses-là».
Un premier long-métrage très bien écrit et qui enrichit la filmographie autour du père laquelle a vu le jour après la révolution. Un bon moment de cinéma à condition de le voir sur de bons écrans.

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